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Six mois que j’ai quitté Brisbane, c’est fou de constater à quel point le temps est compressible lorsque l’on voyage…
Retour donc un beau jour de juillet où je prend la route en direction du nord. Je recherche un travail de ferme, mon expérience en Nouvelle Zélande s’étant bien passé j’ai bon espoir de trouver rapidement un travail me permettant de remettre mon compte en banque à flot.

Direction Bundaberg, royaume de la tomate dont la réputation des backpacker hôtel n’est plus à faire…

Je choisis de dormir quelques dizaines de kilomètres au sud de la ville, une jolie plage dans un coin tranquille me parait idéal pour passer ma première nuit hors de Brisbane.

Après un frugal repas je vais planter ma tente discrètement dans le bush, profite du coucher de soleil et vais me coucher.
Je suis réveillé en pleine nuit par une cinglée hurlant quelque chose d’incompréhensible, montée d’adrénaline, je m’habille et ouvre ma tente discrètement pour me préparer à sortir.
La folle continu de hurler, j’entends qu’elle parle de ma voiture et de police et décide d’aller la voir avec ma lampe frontale. En me voyant arriver elle s’excuse toujours en hurlant à moitié, me conseille de partir à cause de personnes bourrées qui roderait dans le coin et me prévient que la police devrait arriver.
… J’ai rarement plier ma tente aussi vite!

Bundaberg, si vous cherchez à payer cher pour vivre dans un endroit insalubre et travailler juste assez pour payer votre hôtel vous êtes probablement au bon endroit.
Les commentaires des backpacker hôtels de cette ville sont pour la plupart très mauvais, ma curiosité me pousse tout de même à aller voir. Premier hôtel, je croise deux habitantes ressemblant vaguement à des zombies dans un décors tout à fait adéquat. Apparemment pas beaucoup de travail par ici, de toute façon ça ne donne pas vraiment envie de rester!
Je retente ma chance un peu plus loin, l’hôtel est plus décent mais pas de travail. De toute façon je n’aime pas cette ville, en route vers le nord!

Il faut faire beaucoup de route pour rejoindre la prochaine région légumineuse, je passe donc en mode voyage et profite de mon petit road trip en solitaire. Mon budget devient vraiment limite et m’oblige à réduire drastiquement ma consommation de chocolat et à acheter des nouilles chinoises.
Je remonte donc la côte en direction de Bowen, m’arrêtant à droite, à gauche, quand un endroit sur ma carte à l’air sympa.
Une chose pratique ici c’est qu’il y a des dizaine d’endroit pour dormir gratuitement un peu partout, souvent à coté d’un pub ou d’une road house. Le mieux étant d’avoir un van car camper est parfois difficile voir interdit.

Arrivé à Mackay je commence à me demander si je n’aurais pas mieux fait de rester à Brisbane chercher du travail sérieusement, il n’y a rien par ici. Je regarde Inception et fini mon chocolat pour me remonter le moral, le lendemain je me dirige vers Eungella national park voir un petit bout de forêt pluviale tropicale et avec un peu de chance des ornithorynques!

Je n’ai aperçu qu’un bout ornithorynque mais j’ai beaucoup aimé me promener dans cette forêt. J’ai un peu moins apprécié les sangsues, discrètement camouflées sur des rochers elles n’hésitent pas à s’agripper à mon sac ou mes vêtements pour ramper vicieusement jusqu’à ma peau!

Je décide ensuite d’aller faire un tour dans l’outback, quitter la côte pour entrevoir l’Australie profonde. Avec l’idée d’éventuellement trouver un travail là bas…
Je traverse des kilomètres de bush plantés d’eucalyptus, les routes sont désertes et je roule longuement dans ce décor monotone qui garde tout de même un certain charme. De nuit je passe devant une mine, éclairée de mille feus j’ai l’impression de longer un énorme vaisseau spatial.

Après 200km sur cette route le bitume laisse place aux chemins de terre, je suis le seul fou à rouler ici avec une petite (et vieille!) voiture toute simple quand les gens normaux roule en 4×4, du coup je n’avance pas bien vite!
Dans un inconfort certain je profite des beau paysages qui m’entourent.

J’arrive finalement dans un petit village tout droit sortit d’un film de western, les gens ici sont d’un autre temps, tout parait lent et paisible. En discutant avec le gérant d’un motel/pub j’apprends que la période n’est pas facile pour les fermiers du coin.

Retour vers la côte. J’arrive à Townsville où je visite un joli parc avant de descendre vers la région d’Ayr connue pour sa production de légumes.

Je passe par Ayr et Home Hill où les backpacker hôtels saturés ne me retiennent pas et retourne à Townsville après une petite ballade le long du pont de la rivière de Burkedin.

Je resterais une petite semaine à Townsville, à chercher du travail plus ou moins inefficacement. Quelques personnes ici ont travaillé plusieurs mois dans des fermes de la région d’Ayr et me conseil d’aller dans le caravan park où ils trouvaient leurs travails, ce que je fini par faire.
Avant de partir je grimpe au sommet de castle hill à vélo où je croise un cycliste qui s’amuse à grimper ici cinq fois de suite :)

Arrivé au caravan park ça m’a l’air sympa, je rencontre un groupe de français avec qui je passerais pas mal de temps. Les 3 premières semaines je ne travaille pas beaucoup et en profite pour faire du sport, travailler mon japonais et explorer les alentours. Des centaines d’hectares de champs de canne à sucre, le paysage ici n’est pas très varié!
La particularité météorologique du coin est la neige noire, les champs de canne sont brûlés avant la récoltes (pour retirer les feuilles avant le traitement) ce qui donne des pluies de cendres durant environ 5 mois de récoltes. Une des conséquences les plus graves de cette pratique est la retombée d’une particule de canne carbonisée dans le verre au moment de l’apéro.
A part les champs de cannes on peut trouver par ici une plage plutôt jolie à 20km, quelques magasins, une piscine municipale et un cinéma en ville ainsi que 3 bars assez animés le samedi soir :)

Après mes premiers job allant du démontage de terrasse à la main au ramassage de citrouilles en passant par l’irrigation des champs de canne à sucre et la coupe de pieds de manioc je décroche enfin mon titre d’esclave à temps plein dans une magnifique ferme spécialisée dans l’aubergine les poivrons et les piments!
Je me retrouve dans l’équipe aubergine où nous passons quasiment toutes nos journée à ramasser ce beau légume.

La réputation du ramassage d’aubergines est d’être l’un plus difficile travail que l’on peut faire au caravan park. Notamment à cause de la grande quantité de pollen voltigeant autour de nous, des épines du fruit, de la taille du bush et de la nécessité d’utiliser un sécateur… et bien-sur la nécessité de se tenir plié en deux durant toute la journée.

Le trois premiers jours ne m’ont pas parus difficiles mais les deux semaines suivante étaient juste horribles. Il suffit ensuite de faire comprendre à son corps que la douleur ne passera jamais et de débrancher son cerveau.
La relation avec les fermiers se résume en général à « bonjour » (parfois) et « that’s my fucking money! » quand papa fermier n’est pas content parce que l’on ramasse des aubergines trop grosses ou trop petites… :)
Après quelques semaines je devient un très bon esclave et papa fermier qui ne m’appréciait pas trop au début commence à bien m’aimer…

J’oubliais les mouches! Imaginez vous en train de suer sous un soleil brûlant, un sécateur à la main une aubergine dans l’autre quand soudain…. BBBbbzzZZZZzzzzzz… HHaaaa une mouche se met à tourner autour de vous, passant près de vos oreilles, se posant sur votre nez puis autour des yeux. Et vous pouvez faire tout les mouvements possible elle ne bougera pas, jamais! Je suis certain que plusieurs personnes ont finis en hôpital psychiatrique après avoir subis plusieurs mois d’harcèlement à la mouche.

Un ptit jeune qui en veut!

A part le travail la vie au caravan park était vraiment agréable, toujours quelqu’un pour discuter, jouer ou passer le temps au soleil, les gens ici viennent d’un peu partout, pas mal d’Italiens et d’Asiatiques.
On se regroupe naturellement par nationalités mais on se mélange beaucoup aussi, ça donne un joyeux bordel plutôt plaisant à vivre!
Le samedi soir la plupart des gens vont faire la fête dans les trois bars de la ville et dimanche nous profitons d’un peu de repos bien mérité! (sauf pour certains travaillant parfois 15 ou 20 jours d’affilés…)

Voisins de chambre :)

Un problème ici est le coût du logement, 160$ par semaine pour une micro chambre ridicule ou l’on vit à 8 avec cuisine et salle de bain (il existe différentes variantes de micro chambre), ou 120$ pour vivre en tente ou en van. A quoi il faut ajouter 8$ ou 11$ par jour pour le transport jusqu’aux fermes!
La gestion d’esclave est donc un commerce très rentable en Australie, les bénéfices du caravan park doivent être assez conséquents. Ils travaillent en plus en direct avec certaines fermes et il semblerait qu’ils prélèvent environ 10% du salaire des esclaves gentils travailleurs qui y sont envoyés (A vérifier…)!

La fin de saison m’offre un travail plutôt cool : La vérification de l’irrigation de tout un tas de champs de melons.
Ce travail n’a absolument rien à voir avec le ramassage des aubergines, il consiste a enlever des bouts de tuyaux, attendre… Mise sous pression du système… Vérifier si il y a des fuites, attendre… Remettre les bout de tuyaux, attendre… Prendre un selfie avec une vache…

Attendre… Enlever d’autres bouts de tuyaux, attendre… La suite est facile à deviner.

Puis viens l’heure de quitter cette vie paisible pour revenir quelque temps en France.
Mais pas avant un bon barbecue.

Miam

Team Barbagalo!!

A bientôt!
(Je finis d’écrire ça après plus de 2 mois passés en France, juste avant de repartir pour l’Australie…:)